Alors que le littoral des Pyrénées-Orientales concentre 60 % des séjours touristiques et attire chaque été des centaines de milliers de visiteurs, l’arrière-pays catalan, avec seulement 15 % des séjours, reste en marge de ce dynamisme. Pourtant, il possède un véritable atout : le Train Jaune. Ce petit train électrique qui circule entre Villefranche-de-Conflent et Latour-de-Carol incarne à lui seul les enjeux de désenclavement, de patrimoine et de revitalisation de ce territoire rural.
Né d’un projet politique et économique à la fin du XIX° siècle, le Train Jaune avait pour vocation d’affirmer l’autorité de la République en Cerdagne pour rattacher ce territoire catalan au giron national. Paradoxalement, ce train est aujourd’hui devenu un emblème de la catalanité...
Bien plus qu’un simple projet d’aménagement, le Train Jaune symbolise l’arrivée de la modernité dans les hauts cantons. Véritable prouesse technique, il est le premier train de montagne électrifié de France. Cette innovation s’accompagne de la mise en place d’un réseau hydroélectrique, alimentant les villages de montagne bien avant que Perpignan ne soit électrifiée !
Dans les années 1970 à 1990, alors que les menaces de fermeture commencent à planer, le combat pour le maintien du train est mené par les élus locaux. En 2015, la SNCF annonce vouloir fermer la ligne. C’est alors qu’un collectif d’usagers prend le relais.
Le Comité d’Usagers de la Ligne du Train Jaune voit alors le jour sous l’égide de Georges Bartoli, un photojournaliste Catalan. « On a obtenu une enveloppe de 14 millions d’euros pour la sauvegarde de la ligne. C’était un premier pas », se rappelle Georges.
Bien que le Train Jaune soit officiellement un TER de la région Occitanie, il reste largement perçu comme une attraction touristique. Ses horaires inadaptés, tarifs élevés et l'absence de correspondances efficaces limitent son potentiel. « C’est un tour de manège, pas un outil de développement territorial », déplore Georges Bartoli.
« Tel qu’il est, il ne rapporte rien au territoire », tranche le photojournaliste catalan. Pourtant, les atouts ne manquent pas : des paysages à couper le souffle, des haltes dans des communes enclavées, et une gare d’arrivée internationale à Latour-de-Carol, connectée à Toulouse, Barcelone, Paris ! La ligne est même inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2002 et est jalonnée d’ouvrages d’art comme deux viaducs classés Monument Historique : le pont Séjourné et le pont Gisclard.
Le Train Jaune pourrait jouer un rôle structurant dans la dynamisation de l’arrière-pays catalan, à condition de dépasser le simple usage touristique. En repensant les horaires, les correspondances et en intégrant la ligne à une politique globale de mobilité durable, il deviendrait un véritable moteur économique.

Georges Bartoli, président du Comité d'Usagers du Train Jaune



















